Pollution lumineuse · En Suisse, la nuit n’existe plus. L’absence d’une obscurité totale désoriente la faune et impacte la nature – et les êtres humains. Plusieurs mesures existent pour limiter la pollution lumineuse et assurer une meilleure qualité de vie.
La ville de Vernier dans le canton de Genève, 33’000 habitant·es, éteindra quelques quartiers résidentiels au coeur de la nuit et réduira l’intensité de son éclairage public, pour une période de test de six mois, dès septembre 2020. Elle rejoint ainsi Bernex parmi les communes genevoise pratiquant l’extinction partielle de leur éclairage nocturne au coeur de la nuit. Un message positif envoyé dans ce canton, dans la foulée de l’évènement “La Nuit Est Belle” de septembre 2019, qui est par ailleurs appelé à se répéter cette année.
Eurêka se penche sur les politiques d’éclairage public dans l’Arc jurassien. Selon, Eliott Guenat, représentant romand de l’association Dark-Sky Switzerland, nos régions sont plutôt bien loties.
Et si l’en va du maintien de la biodiversité menacée par la pollution lumineuse, limiter l’éclairage artificiel la nuit permet aussi d’économiser de l’énergie. Mais des décisions récentes, de la part du canton de Neuchâtel notamment, pourraient remettre en cause les extinctions totales déjà en cours dans plusieurs communes. C’est le cas à Valangin, où nous avons assisté au dernier conseil général.
La semaine passée, le Grand Conseil vaudois a adopté -timidement- un postulat mettant en place un plan lumière cantonale afin d’accompagner les communes dans la lutte contre la pollution lumineuse, notamment en metant en évidence les zones fragiles qui nécessitent une protection particulière contre les sources lumineuses artificielles.
Après une motion adoptée à l’unanimité au Grand Conseil Genevois en 2018, un postulat au législatif Valaisan en 2019 et la décision de l’exécutif Jurassien en 2019 de supprimer les éclairages hors des localités, le canton de Vaud rejoint le train bien en marche en Suisse Romande. Espérons que le Conseil d’Etat répondra ambitieusement à ce postulat et prendra des mesures à la hauteur du problème !
Depuis trois hivers, le stade de Genève est devenu la source la plus importante de pollution lumineuse du canton, voire de la région, par les séances de luminothérapie que subit la pelouse du terrain quasiment chaque nuit entre novembre et janvier. Très loin à la ronde, le ciel s’illumine d’orange du soir au matin, particulièrement lorsque les nuages stagnent et réfléchissent la la lumière du stade vers la ville. Alors que le Grand Genève a expérimenté une extinction quasi-totale de son éclairage public en septembre dernier avec l’évènement “La Nuit Est Belle” et prend conscience du problème de la pollution lumineuse sur l’environnement et la qualité de vie, il est difficilement envisageable de voir ces pratiques se prolonger indéfiniment. Rappelons qu’en 2018 le Grand Conseil genevois a adopté, à l’unanimité, une motion demandant un éclairage nocturne économe, et que de nombreuses communes de la régions réfléchissent sérieusement aux mesures à prendre afin de limiter la pollution lumineuse sur leurs territoires. Les habitudes du stade contrastent fortement avec la volonté publique affichée dans le canton, alors que celui-ci est étroitement lié au Conseil d’Etat genevois.
Heureusement, la fondation du Stade de Genève, qui gère l’infrastructure, a annoncé qu’elle renonce à au gazon “hybride” qui demandait d’être illuminé tout l’hiver, en plus d’être chauffé (!). A la place, un gazon complètement synthétique sera installé dès cet été, qui annonce ainsi la fin des débauches de lumière à des fin d’entretien et ainsi le retour de nuit plus noires dans la région genevoise dès l’hiver 2020-2021.
Dans le contexte de la prise de conscience actuelle, cette décision est à saluer. La situation absurde vécue depuis trois ans trouve enfin une issue raisonnable, qui amènera à une nette diminution de la pollution du canton et améliorera la qualité de vie de dizaines de milliers d’habitant des villes de Lancy, Carouge, Plan-les-Ouates et Genève, qui seront rejoint par les quelques milliers de habitants du futur quartier de la Praille-Acacias-Vernet. Il faudra retenir de cette pauvre histoire une leçon appelant à la vigilance, afin qu’une situation similaire, incohérente avec les efforts publics entrepris, ne se reproduise pas d’une manière ou d’une autre.