Essertines-sur-Rolle va retrouver la nuit étoilée

Les bonnes nouvelles se succèdent dans le canton de Vaud. Après avoir participé au projet Perséides l’année passée, la commune d’Essertines-sur-Rolle, 650 habitant·es environ, va prochainement entériner l’extinction de son éclairage public entre 23h00 et 5h en semaine et 23h30 et 5h en fin de semaine.

Un mouvement de fond est en marche dans les communes de l’ouest vaudois pour l’extinction de l’éclairage public au coeur de la nuit. Les communes de Nyon, Mex, Givrins, Le Vaud et Genolier, pour ne citer qu’elles, se sont récemment engagée sur cette stratégie durable et raisonnable de gestion de l’éclairage public.

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Dompierre fait le pas de l’extinction

Une commune romande de plus pourra bientôt profiter d’une nuit noire et étoilée. Dompierre, dans le canton de Vaud, a fait le choix d’éteindre son éclairage public de 23 à 5h, avec à la clé un environnement nocturne préservé et une économie de deux tiers sur la facture d’électricité liée à l’éclairage. Cette démarche, qui a été initiée par la Nuit Est Belle de 2019, a débuté par un essai localisé suivi d’une consultation de la population, puis finalement pérennisé par le conseil général de la commune. Un exemple qui, espérons-le, incitera les communes voisines à franchir le pas de l’extinction nocturne de l’éclairage public !

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Nyon présente son plan Lumière

La commune de Nyon a récemment présenté son plan lumière, avec lequel elle entend repenser l’entier de son éclairage public en laissant une place belle à la réduction de l’intensité lumineuse, à l’ajustement de la couleur des sources pour minimiser son impact environnemental, et même à une extinction nocturne en certains lieux. La commune procède déjà à une réduction de l’intensité de son éclairage entre minuit et 5 heures. Elle entend maintenant avancer cette horaire de réduction à 22h. Dans certains quartiers résidentiels ou industriel, l’éclairage sera simplement éteint entre 22 heures et 5 heures. Il est même question de supprimer purement et simplement certains lampadaires jugés inutiles.

Par ces mesures, la commune de Nyon affirme sa position forte dans la lutte contre la pollution lumineuse dans l’arc lémanique. Contrairement au plan lumière d’autres villes comme Lausanne, celui de Nyon met un accent fort sur la lutte contre la pollution lumineuse et évite largement le piège de n’être qu’un outil marketing menant au final à encore plus de lumière nuisible dans l’environnement.

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Symposium sur la pollution lumineuse

Sources Agroscope: <https://www.agroscope.admin.ch/agroscope/de/home/aktuell/newsroom/2021/03-17_naechtliche-beleuchtung/praesentationen.html>

Après l’accueil par Eva Knop et une panne inévitable du logiciel, Lukas Schuler a informé sur la tendance de la pollution lumineuse et les hypothèses de Dark-Sky Switzerland sur le développement actuel. Il a précisé que, malheureusement, les légères réductions réjouissantes de 2020 ne sont en partie que temporaires (p. ex. la pandémie et l’aéroport de Zurich) et qu’elles sont en grande partie compensées par les changements au niveau mondial (changement climatique, lumière privée de plus en plus importante).
En fin de compte, chaque acheteur d’éclairage partage la responsabilité du nombre de lumens et doit se rappeler qu’une ampoule à incandescence de 60 watts ne dépassait guère 800 lumens et était généralement parfaitement adaptée à une utilisation en extérieur.
Grâce aux progrès technologiques, le secteur privé économise beaucoup d’énergie, mais produit de plus en plus de lumière. L’architecture avec de hautes façades vitrées laisse également entrer plus de lumière dans l’espace extérieur. Dans le secteur public, le problème est désormais mieux reconnu dans de nombreux endroits. De plus, on observe une amélioration sensorielle et qualitative de la lumière, ou une plus grande obscurité en renonçant à son utilisation.

La biologiste évolutionniste Eva Knop a souligné les effets perturbateurs de la lumière artificielle sur les horloges internes des papillons de nuit et des plantes. Leur reproduction et leur survie peuvent être affectées.
Si les visites nocturnes des fleurs par les insectes diminuent en raison de l’éclairage d’un lampadaire LED de 4000 kelvins, les insectes diurnes seront également privés de la riche population de plantes à fleurs. Le service écosystémique des pollinisateurs vaut plusieurs millions pour l’économie agricole et peut difficilement être compensé par la technologie.

“Impact of artificial light at night on diurnal plant-pollinator interactions” Simone Giavi et al.
<https://www.nature.com/articles/s41467-021-22011-8>

Simone Giavi a pu montrer dans ses recherches que, contrairement à la grande majorité des papillons de nuit, l’un d’entre eux, la “Noctuelle capsulaire”, n’est pas attiré par la lumière, mais évite le lampadaire LED de 4000 kelvins et, pour cette raison, recherche principalement les fleurs du “campion blanc” dans l’ombre, à côté des sources de lumière. La femelle de la “Noctuelle capsulaire” est très intéressante car elle pollinise les fleurs tout en y pondant ses œufs. Plus tard, lorsque la graine mûrit, les chenilles du papillon s’en nourrissent. Cela signifie que le campion blanc subit les plus grandes pertes de reproduction dans l’ombre autour du luminaire. Lorsqu’un tel luminaire à LED apparaît à côté d’une prairie fleurie intacte, il faut s’attendre à des changements de composition, même dans l’obscurité adjacente.

“Artificial light at night can modify ecosystem functioning beyond the lit area” Simone Giavi et al.
<https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32681056/>

Janine Bolliger a étudié comment différents lampadaires LED de 1750 Kelvin, 3000 Kelvin ou 4000 Kelvin affectent le monde des insectes, avec une optique conventionnelle et avec un verre diffuseur cylindrique supplémentaire qui augmente la visibilité optique de la source lumineuse.
Les insectes ont été capturés dans des pièges spéciaux et évalués afin d’obtenir des informations sur l’étendue de la perturbation pour les différents groupes d’espèces.

En résumé, il a été constaté que le spectre le plus chaud était effectivement presque toujours meilleur pour les insectes, mais pas pour certains diptères et espèces de mouches. Comme l’a souligné à juste titre un biologiste au cours de la discussion, ceux-ci sont liés à des masses d’eau. Les contrôles d’obscurité montrent clairement que toute source de lumière LED dans l’éclairage public est dommageable pour les insectes et qu’une optique plus grande a un effet d’attraction plus important dans presque tous les cas.

Publication en préparation
Bolliger et al.

Finalement, Felix Liechti a résumé les influences de la lumière sur la vie des oiseaux.
Les bâtiments fortement éclairés irritent les oiseaux migrateurs depuis qu’ils existent. Le comportement d’atterrissage des oiseaux peut également être influencé. Et les oiseaux nicheurs modifient leurs activités ou leur chant lorsqu’ils sont exposés à des sources lumineuses.

Il a plaidé pour que les hautes structures ne deviennent pas des pièges pour les oiseaux migrateurs et pour que les zones humides et les plans d’eau restent dans l’obscurité.

Il rappelle que tout éclairage extérieur a un impact sur la nature et que, par conséquent, son utilisation doit toujours être proportionnée au bénéfice réel.

Les oiseaux, le verre et la lumière dans la construction
<https://vogelglas.vogelwarte.ch/assets/files/broschueren/Schmid_et_al_2012_Voegel_Glas%20und%20Licht%20franz.pdf>

Lors de la discussion finale, les planificateurs éclairagiste, les planificateurs électriques et Dark-Sky Switzerland ont convenu que la technologie dispose déjà de bonnes solutions raisonnables, et qu’il existe également des normes industrielles utilisables sur le marché. Contrairement à notre foi dans le progrès, nous ne sentons malheureusement pas la volonté du gouvernement fédéral d’exiger ce genre de bonnes solutions dans un délai utile. Ainsi, il appartient actuellement à l’initiative privée ou officielle de décider si les projets sont réalisés de manière durable pour l’écologie, l’environnement et la santé, ou si l’intérêt économique à court terme est au premier plan.

 

La commune de Vernier (GE) teste l’extinction nocturne

Commune très peuplée du canton de Genève, Vernier teste dès aujourd’hui l’extinction de son éclairage public dans certains quartiers ciblés en zone résidentielle. Ce projet, qui répond à une motion votée en 2019, durera six mois. Les habitant·es seront alors invité·es à donner leur retour afin de décider de la suite à donner à ce projet.

Cette initiative est à saluer, car elle permet de décharger une partie de la pollution lumineuse infligée inutilement à la population et à l’environnement durant les heures les plus calmes de la nuit. La commune de Vernier rejoint ainsi le club des communes genevoises pionnières dans le canton sur le thème de la pollution lumineuse et de l’extinction nocturne. Il reste à espérer que l’expérience suscitera l’enthousiasme chez les habitant·es et sera pérennisée, voire qu’elle fera des émules dans les autres communes du canton.

Plus d’informations sur le site de la commune