Le temps opinions – précisions à l’article “Dans la nuit, des montagnes illuminées”

J’aimerais apporter quelques précisions à votre article intitulé “Dans la nuit, des montagnes illuminées” (Le Temps du jeudi 20 avril 2006, p. 36).

L’éclairage artificiel des montagnes a un nom : la pollution lumineuse. Car cette lumière n’est pas inoffensive. Dans les années 1970 des milliers d’oiseaux sont morts contre une paroi de glace de la Jungfrau éclairée par un simple projecteur publicitaire (Bruno Bruderer, Station ornithologique suisse Sempach). Depuis, les chercheurs ont trouvé de nombreux autres impacts négatifs de l’éclairage artificiel, de quoi remplir les 455 pages du livre “Ecological Consequences of Artificial Night Lighting” paru en novembre 2005.

Contrairement à ce que vous suggérez, ce ne sont pas les écologistes qui ont dénoncé ces pratiques, mais les astronomes. En effet, la pollution lumineuse diminue l’obscurité du ciel nocturne, et prive l’humanité de son ciel étoilé. Aujourd’hui, il n’y a plus un seul kilomètre carré qui ait encore une obscurité naturelle en Suisse. Les montagnes sont les derniers refuges où l’on peut encore y contempler le ciel étoilé. Les stations de montagne feraient mieux d’exploiter ce filon : l’observation des étoiles ne nécessite pas d’autorisation, n’est pas limitée à un soir par semaine, ne détruit pas la nature… Et la beauté et la diversité des étoiles est sans commune mesure avec la banalité affligeante d’une pente enneigée éclairée par un spot.

Arnaud Zufferey, Sierre (VS)

Le Temps a publié ma réponse le jeudi 27 avril (p.19), avec une magnifique carricature en bonus :

2007-pl-letemps

 

Cohabiter avec la nature – La pollution lumineuse

Le Guide suisse de l’écocitoyen, comprendre et agir a été publié avec le soutien de la Fondation pour une Terre Humaine et la Loterie Romande.

Tous les aspects de la vie moderne et son impact sur notre environnement sont abordés. L’un des articles et sur la pollution lumineuse.

» guide écocitoyen (lien pdf)

 

Courrier lecteurs – Barrages-grands écrans – Un exemple déplorable

La consommation d’électricité ne cesse d’augmenter. En 2005, la Suisse en a importé plus qu’elle n’en a exporté, ce qui n’était pas arrivé depuis 1910.

Le climat continue de se réchauffer, les glaciers reculent, l’Eiger transpire et commence à s’écrouler. Plus de la moitié des espèces animales sont menacées de disparition. Il n’y a plus un seul kilomètre carré avec une obscurité naturelle en Suisse… Tous ces phénomènes sont liés, et sont la conséquence de notre mauvaise gestion des ressources naturelles pétrole, sol, énergie, etc..

Notre société actuelle n’est pas durable, c’est un fait, mais pas une fatalité. Selon l’Agence suisse pour l’efficacité énergétique SAFE, nous pourrions réduire notre consommation d’électricité de 40% sans perte de confort en utilisant des appareils efficaces, et donc nous passer des centrales nucléaires et thermiques.

Est-ce bien cohérent d’éclairer un barrage ou un château au milieu de la nuit, et de demander aux gens d’acheter des ampoules économiques? N’est-ce pas le rôle des collectivités publiques et des producteurs d’énergie de montrer l’exemple?

Arnaud Zufferey,
Ingénieur dipl. EPFL, Sierre